At arm’s length, larger than life, in a kind of hyperrealism verging on simulacra, Gokçe Çelikel’s work presents femininity in an overflowing excess: faces made up into extravagant masks. Çelikel’s painting also speaks the pleasure of self-transformation, evoking a childlike game of dress-up gone bad – which is to say, grown up. Who is she imitating? What role is she playing? All roles possible: in this game, the artist-turned-model takes on all forms of chameleon femininity, exploring all the possibilities of fleeting identity. Gokçe Çelikel has created an approach that plays on the genre of the diary, without trying in vain for a deceptive stability or authenticity. These paintings, when viewed in a series, make ever more clear the ephemeral nature of identity and, paradoxically, the desire to fix in time moments of life. We can feel the tension between the spontaneity of one instant captured – saved – by the blink of the camera lens, and the heavier weight of oil paint methodically covering a vast surface. Gokçe Çelikel’s work layers time and craft to recreate images, and ultimately this meticulous work of memory keeps the viewer at a safe distance from the original moment lived and captured by the artist. In spite of this distance, we feel compelled to enter this intimate space, witnessing these women in pairs or groups – never more than two in the frame – exposed before the camera. The voyeuristic feeling evaporates and turns on itself, and in the end we feel that we are being watched by the immense gaze of these women. Unnerving, unapologetic, unveiled – despite the layers of makeup and time, these paintings are as piercing as the sharpness of a digital image.

Laura Hughes


Vu de la distance d’un bras, dans un hyperréalisme qui tend au simulacre, le travail de Gokçe Çelikel présente la féminité, des féminités, dans un excès débordant : des visages retouchés en masques extravagants. Ses toiles parlent aussi du plaisir de l’auto-transformation, et évoquent les déguisements nostalgiques des enfances mal tournées – devenus adultes. Qui imite t’elle ? À quoi joue t’elle ? À tout : dans ce jeu, l’artiste-modèle adopte toutes les formes d’une féminité caméléon, et explore les possibilités multiples d’une identité fulgurante. Gokçe Çelikel a créé une méthode qui joue sur le genre du journal intime, sans pour autant se fixer sur une stabilité ou une authenticité déceptive. Vues en série, ces toiles mettent en évidence la nature éphémère de l’identité, et aussi, paradoxalement, le désir de figer des moments de la vie. On sent la tension entre la spontanéité de l’instant capturée – sauvegardée – par le clin d’oeil de l’objectif, et la lourdeur de la peinture à huile qui couvre méthodiquement la vaste surface de la toile. Si l’art de Gokçe Çelikel se dévoile en couches de temps et de labeur délicat jusqu’à la reproduction d’images numériques, ce travail soigné sert à garder la distance avec le moment original vécu par l’artiste.
Malgré cette distance, on se laisse séduire, invités à entrer dans l’espace intime présenté ici, où on voit défiler ces femmes seules ou à deux, jamais plus, devant l’appareil photo. Le sentiment de voyeurisme s’évapore et se détourne : entouré de ces toiles, on se sent traqués nous-mêmes par le regard immense de ces femmes-images. Déroutantes, dévoilées, acharnées – avec ses vernis de maquillage et de temps, ces toiles sont aussi perçantes que l'objectif photographique.

Laura Hughes


Grands formats, peinture glamour, autoportraits en gros plans… Gökçe Celikel présente une vision très « spectaculaire » de l’humain.

Une manière de mise en scène du réel qui le fait ressembler à une affiche de cinéma, dans une hypertrophie de la forme et de la couleur, d’un réalisme troublé par la percussion des couleurs et l’ironie des attitudes dépeintes. On peut facilement percevoir l’affirmation d’une idée qui renvoie la vanité de la représentation dans notre monde moderne à son sujet avec toutefois un point de vue optique très photographique dans le cadrage, la contre-plongée, cette sorte de déformation du grand angle qui donne aux portraits une dimension si particulière

« Mon travail artistique se concentre sur la reproduction picturale d’autoportraits photographiques. Je prends régulièrement des photos de moi-même et parfois avec des personnes qui m’entourent afin d’enrichir mes archives de « photo-documents » qui sont la représentation d’une réalité simple, sincère et non retouchée comme dans un journal de bord ou un journal intime. Je travaille à partir des photos qui ont surtout un goût pour le jeu, et une ambiguïté entre la fiction et la réalité. Je reproduis mécaniquement des images de la réalité pour restituer une peinture originale et unique. Essentiellement, je m’interroge sur le rôle de l’image avec sa puissance de manipulation dans notre société contemporaine. Mes sujets de prédilection sont le glamour, le narcissisme, la jeunesse et la séduction. »